Vraiment un hiver pourri pour voler et hier
matin la météo ne s’annonçait pas vraiment bonne non plus. Les prévisions
offraient toutefois un espoir entre 10h et 12h00, créneau dans lequel je devais
voler.
Lorsque je quitte Bruxelles, le ciel est
beau : il y a certes des nuages, mais aussi du soleil et de larges zones
de ciel bleu. Sur le chemin vers Charleroi, les choses se gâtent cependant rapidement. Quand j’arrive, le plafond est tellement bas
et la visibilité horizontale tellement réduite, que les autorités ont sorti le
panneau « Low Visibility Operation ». Impossible de partir en vol à vue. La station de refuelling a d’ailleurs été
fermée afin d’empêcher les téméraires de faire le plein. Les conditions ne
cessent de se dégrader mais soudain un revirement : le plafond monte à des
niveaux acceptables tout comme et la visibilité horizontale.
C’est décidé, on part. Ce sont des conditions
idéales pour faire des exercices de radionavigation et de vol avec une
visibilité réduite. La radionavigation permet de se guider grâce à des signaux
que des radiobalises situées au sol envoient vers un récepteur à bord et qui se
matérialisent par des indications visuelles sur un petit cadran du tableau de
bord. Cela fait partie de la matière pour l’examen pratique que je prépare
maintenant que j’ai réussi mon théorique.
le petit cercle représente l'avion et la ligne jaune l'axe sur lequel il devrait se trouver. L'avion doit donc virer vers la gauche. |
Sous la supervision stoïque de mon instructeur
André, je traverse des couches de nuages. Le stress initial cède la place à une
concentration extrême. Il faut savoir que le temps de survie d’un pilote qui
pénétrerait dans les nuages sans avoir été formé à voler aux instruments est
d’à peine trois minutes… En l’absence de repères visuels, le salut du pilote et
de ses passagers réside exclusivement dans les indications que lui fournissent ses
instruments, en particulier l’horizon artificiel. Il est assez incroyable de
constater combien nos sens peuvent nous tromper une fois que notre vision est
occultée. Sans les instruments, c’est le crash garanti. On comprend donc aisément l’importance de tels
exercices.
Voler dans les nuages, c’est magique. Les traverser en montée pour se retrouver ensuite sous un ciel bleu et ensoleillé. Quelle beauté. C’est ça le plaisir de voler.